Chers adhérents et sympathisants, 
20 jours après la crue de la Roya, la sidération fait peu à peu place à l’analyse et aux projets.Dans les groupes et collectifs, sur les réseaux sociaux, dans les réunions de concertation, le questionnement sur la reconstruction se profile au milieu des messages d’entraide. 

Qu’est ce qu’on veut faire de la vallée?

Notre association mène cette réflexion depuis des années à partir d’un principe: les équipements, les activités économiques, le traitement des déchets, le choix des modes de transports et d’urbanisme ne peuvent se concevoir sans tenir compte de la qualité de l’air, de l’eau, et la préservation de la biodiversité. 

Dans ce bulletin et dans les prochains nous allons reprendre des dossiers que REN suit en Roya en mettant en perspective la préservation de l’environnement et la nécessaire transition écologique avec la situation actuelle et les informations qui nous parviennent.

Pour passer le col de Tende


Après la reprise des travaux sur le chantier de doublement du tunnel routier, en octobre 2019, nous avions perdu l’espoir d’obtenir la révision du projet. La destruction massive de la RD6204 y compris les ouvrages d’accès au tunnel remet tout à plat.
Nous n’avions pas pu obtenir les rapports du CEREMA après la découverte de l’ampleur des malfaçons en 2017. Mais une publication du géologue italien, Giorgio Martinotti vient mettre en lumière des erreurs de conception manifestes plus déterminantes encore. La publication est ici : https://media.laguida.it/uploads/2020/10/16153708/TENDA-ottobre-2020-gmart.pdf et une traduction des textes est en pièce jointe.

Images extraites de la publication de G. Martinotti le 16 octobre 2020

Le diagnostic:
– Le vallon de La Ca, dont l’effondrement a emporté les deux ponts à l’entrée du tunnel, rend impossible toute construction à cet endroit.
– L’élargissement des 4 derniers lacets repose sur une zone instable.
– La nouvelle galerie présente de graves défauts d’étanchéité et son percement à rendu possible des infiltrations massives d’eau dans le tunnel actuel.

La conclusion
l’ensemble des travaux réalisés jusqu’à ce jour sur le versant français du col ne sont plus viables. 

Nous avions avancé des arguments similaires, en plus des autres arguments sur la pollution et la transition énergétique. Les demandes répétées de révision du projet, y compris devant le tribunal administratif, n’ont jamais été prises en compte. Notre dernier communiqué de presse fait un bilan des erreurs cumulées par les mauvais choix concernant les transports dans la vallée. Il est ici : https://ren.valroya.org et il a été repris par Nice-Matin le 16 octobre.

Des millions d’euros engloutis alors que la ligne ferroviaire se mourait faute de financement.Mais voilà, maintenant, et pendant quelques années, pour passer le col nous avons le train! 

Il faut saisir l’occasion pour rendre cette ligne opérationnelle. Il faut des navettes porte-voitures à heures fixes et une desserte passager cadencée, suffisante pour absorber un trafic au moins égal à celui qui passait en voiture. Activer les trains de nuit et de fret. 
Une récente délibération  de la Région Sud donne de l’espoir, elle est ici; mais quand même:  580 millions d’euros d’ici 2032 pour les 500 km de lignes de desserte fine en PACA, c’est 1,16 millions par kilomètre en 12 ans…on est bien loin du compte et des besoins pour la pérennisation de la ligne ! La pression sur la Région doit rester forte.
Et pour la route, … il est temps de se poser et d’ouvrir une large concertation, avec débat public et nouvelle enquête. Le chantier ne pourra pas reprendre comme si rien ne s’était passé.
Nous savons que du côté italien il y a des pressions pour construire un tunnel plus bas.M. Martinotti propose lui une solution qui consiste à déplacer le point de sortie du tunnel du côté français, tout en conservant la partie creusé du côté italien; l’ensemble étant élargi à un gabarit à double sens avec l’actuel tunnel en galerie de secours.Pour REN, la seule solution qui permette de ne pas revenir au tout routier est un tunnel à une seule voie,en alternance totale… mais d’ici là, toute le monde circulera sur le rail !

On a su faire par le passé, mais à l’époque SNCF avait envoyé la facture aux communes.

Et pour comprendre ce qui s’est passé 


– Un article de Johan Berthet, géomorphologue, sur le phénomène d’alluvion après les pluies: https://www.linkedin.com/pulse/premiers-%25C3%25A9l%25C3%25A9ments-danalyse-de-la-crue-du-02102020-roya-johan-berthet/?trackingId=
– Une transcription de l’interview sur France-Culture de Caroline Muller  (climatologue, chercheuse au CNRS que nous avions déjà mentionnée dans le dernier bulletin). Avec cette conclusion : “Pour le réchauffement climatique, plus que la fréquence des événements cévenols, c’est leur intensité qu’on s’attend à voir augmenter. Il y a un consensus très fort là-dessus”.https://www.franceculture.fr/emissions/la-question-du-jour/vallees-de-larriere-pays-nicois-comment-expliquer-les-crues-exceptionnelles

Reconstruisons sans détruire.
Le CA de REN